Chiffres et données
« 20 kilos de déchets par an et par personne [d’aliments destinés à la consommation humaine], dont 7 kilos de déchets alimentaires non consommés encore emballés »
...tels sont les chiffres diffusés en France par les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, pour un coût estimé à 430€ par an par foyer. Face à ces chiffres, un autre tout aussi alarmant qui rend les précédents d’autant plus intolérable : 6 millions de Français, soit une personne sur dix en France, souffrent d’insécurité alimentaire.
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Cette réalité du gaspillage alimentaire, qui s’étend bien au-delà de nos seules frontières nationales, n’est pas nouvelle. Des associations au gouvernement français ayant voté, en février 2016, une « loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire », de multiples initiatives, à des échelles plus ou moins locales, ont déjà été mises en place pour tenter d’y remédier. Loin de s’inscrire en rupture avec les démarches en cours, notre projet cherchent à y être complémentaire en ciblant les habitudes alimentaires des ménages eux-mêmes. Nous proposons de placer notre force d’action au sein même des foyers français pour mener à une réduction de leurs déchets, non pas de manière coercitive mais de manière volontaire, solidaire et interactive.
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Des chiffres alarmants
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et montrent volontiers l’urgence d’une multiplication des actions contre le gaspillage alimentaire.
Dans le monde, 1/ 3 des produits qui sont destinés à la consommation humaine sont gaspillés chaque année, tandis que l’on dénombre 795 millions de personnes souffrant de la faim, soit 1 personne sur 9. Le Programme Alimentaire Mondial, dont la mission est de lutter contre la faim dans le monde, recense 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans décédés chaque année en raison de la malnutrition. 100 millions d’enfants, soit 1 enfant sur 6, souffrent d’insuffisance pondérale.
Si une large majorité des personnes qui souffrent de la malnutrition et de la faim viennent des pays en développement, les chiffres ne sont pas pour autant moins alarmants en France : 1 personne sur 10 peinent à se nourrir correctement en France, 3,5 millions de personnes, selon l’UNAF, « relèvent de l’aide alimentaire de façon ponctuelle, régulière ou permanente ».
À ces chiffres se heurtent avec fracas ceux du gaspillage alimentaire en France : ce sont chaque année 10 millions de tonnes d’aliments qui sont jetés, soit 18 milliards de repas, dont plus de 1,2 millions de tonnes de produits encore consommables. Les particuliers sont les plus gaspilleurs avec 2 millions de tonnes par an d’aliments jetés. Répartis sur l’ensemble de la population française, cela correspond à 20 à 30 kilos par personne et par an de produits consommables gaspillés. Chaque français jette individuellement l’équivalent d’un repas par semaine.
Ces chiffres sont d’autant plus révoltants que le gaspillage alimentaire et ses conséquences meurtrières pourraient être évitées. Pour les seuls ménages, le gaspillage alimentaire constitue plus de 10 milliards d’euros par an, soit 159€ par personne par an. Pour avoir un ordre de grandeur, il est intéressant de noter que, toujours selon le Programme Alimentaire Mondial, 3,2 milliards de dollars par an suffiraient à nourrir 66 millions d’enfants en âge d’aller à l’école et souffrant de la faim. Selon la FAO (Food and Agriculture Organization – Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’Europe à elle-seule, avec ce qu’elle jette chaque année, pourrait nourrir 1 milliard de personnes, soit l’intégralité des personnes souffrant de la faim dans le monde.
Le gaspillage alimentaire de la production à l’assiette :
Le gaspillage alimentaire n’est pas le seul fait des ménages ; si les particuliers sont ceux qui jettent le plus en termes de quantité de nourriture en France, nombre d’aliments sont gaspillés avant même d’arriver dans leurs assiettes. Effectivement, avant même leur consommation, les aliments peuvent être perdus lors de la production, lors de leur transformation, lors du transport, au cours de la distribution. Chaque année, les enseignes de la grande distribution française jettent 750 000 tonnes de nourriture. Respectivement ce sont 4%, 4.5%, 3.3% et 7.3% des aliments qui sont perdus et gaspillés au cours des différentes étapes que sont la production, la transformation, la distribution et la consommation.
Les habitudes des français en termes de gaspillage alimentaire :
Notre intérêt se porte tout particulièrement sur ceux qui jettent le plus et dont une large part du gaspillage alimentaire pourrait être aisément réduit.
Une étude sur le gaspillage alimentaire, réalisée en avril 2012 par SOFRES, a montré que les Français étaient majoritairement conscients de phénomène et estimé qu’il fallait agir pour le réduire. Sans surprise, les Français, selon l’étude, estimaient également ne pas contribuer eux-mêmes au gaspillage alimentaire, ou du moins, y contribuer dans une moindre mesure par rapport aux autres.
Toujours selon cette même étude, le gaspillage alimentaire semble principalement résulté d’une mauvaise gestion par les Français de leur réfrigérateur.
Selon une étude sur les impacts du gaspillage alimentaire des ménages, réalisée par l’ADEME en octobre 2014, parmi les aliments jetés, les légumes sont majoritaires, représentant 31%, suivis des fruits (19%). 12% des aliments jetés sont du riz, céréales, pâtes, 24% des liquides.
Le gaspillage alimentaire, des enjeux multiples :
La lutte contre le gaspillage alimentaire correspond à un triple enjeu.
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Un enjeu éthique et social : Dans un premier temps, réduire les pertes et gaspillages alimentaires répond à une nécessité éthique et social. Il n’est pas socialement acceptable de gaspiller des aliments (certains encore consommables) alors que la faim cause des millions de morts dans le monde chaque année.
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Un enjeu environnemental : La lutte contre le gaspillage alimentaire représente également une urgence environnementale. En effet, les pertes alimentaires sont génératrices d’émission de gaz à effet de serre. A titre de comparaison, l’émission généré par le phénomène correspond, au total, à ce qu’émettrait un pays dont le niveau d’activité économique se situerait en 3e position mondiale, après la Chine et les Etats-Unis. Par ailleurs, chaque aliment jeté est synonyme de gaspillage des ressources naturelles, et notamment de l’eau, qui ont été nécessaires pour le produire.
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Un enjeu économique : Alors que l’Observatoire des inégalités estimait, en octobre 2017, que la France comptait entre 5 et 8,9 millions de pauvres (5 millions si le seuil de pauvreté est fixé à 50% du niveau de vie médian, 8,9 millions si celui-ci est fixé à 60% de ce même niveau de vie médian), une perte de 159 € par an par personne due au gaspillage alimentaire n’est nullement négligeable.
La difficulté de donner une définition :
Dans son rapport final de novembre 2011, intitulé « Pertes et gaspillages alimentaires », le ministère de l’agriculture et de l’alimentation soulignait deux obstacles majeurs à l’analyse des pertes et gaspillages dans la chaine alimentaire : le premier étant justement l’absence d’une définition officielle du gaspillage alimentaire (le second, l’insuffisance des données quantitatives représentatives et fiables).
L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie) pointe quant à elle le danger du jugement moral contenu dans le terme « gaspillage » et choisit de privilégier le mot « perte » qui renvoie également à une notion de valeur économique à laquelle les gens sont généralement plus sensibles.
Notre objectif est précisément de sensibiliser les français sans les culpabiliser. Aussi alarmants et désolants que soient les chiffres précédemment exposés, notre souhait est d’axer davantage sur la pédagogie en proposant à nos utilisateurs une solution simple, gratuite et solidaire pour réduire ses pertes alimentaires. Avec de sa campagne de sensibilisation « Un défi pour la Terre », la Fondation Nicolas Hulot a montré l’importance du concret, devenu un élément clé de la communication écologique et environnementale. Claire OMÉARA, chargée de communication de la Fondation Nicolas Hulot, s’exprime ainsi en ces termes : « Aujourd’hui l’environnement est devenu un sujet politiquement correct. Plus personne n’ose dire que le sujet lui est indifférent ! Il faut chercher à responsabiliser, sans choquer ni culpabiliser ».